Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ci ne l’emportera, ni par la figure, ni par les qualités de l’esprit et du caractère.

Le procureur alors, qui me vit les yeux mouillés, et qui fit réflexion que c’était moi qui lui avais demandé des nouvelles de la vieille marquise, soupçonna que je pouvais bien être cette fille dont il était question.

Madame, dit-il un peu confus à Mme Darcire, quoique je n’aie rapporté que les discours d’autrui, j’ai peur d’avoir fait une imprudence : ne serait-ce pas Mlle de Tervire elle-même que je vois ?

Il aurait été difficile de le lui dissimuler ; ma contenance ne le permettait pas, et ne me laissait pas deux partis à prendre ; aussi Mme Darcire n’hésita-t-elle point. Oui, monsieur, lui dit-elle, vous ne vous trompez pas, c’est elle ; voilà cette petite provinciale qu’on n’est —pas curieuse de voir, que sans doute on s’imagine être une espèce de paysanne, et à qui on serait peut-être fort heureuse de ressembler. Je ne crois pas qu’on y perdît, de quelque manière qu’on soit faite, répondit-il, en me suppliant de lui pardonner ce qu’il avait dit. Notre carrosse arrêtait en ce moment, nous étions arrivés, et je ne lui répondis que par une inclination de tête.