Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/27

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Il n’était qu’onze heures du matin ; elle me parut abattue, mais moins triste que la veille. Je lui fis un accueil qu’on ne pouvait appeler ni froid ni prévenant, qui était mêlé de beaucoup de langueur ; et franchement, malgré tout ce qu’elle m’avait dit, j’avais quelque peine à la voir. Je ne sais si elle y prit garde, mais sans témoigner y faire attention.

J’ai cru devoir vous apprendre une chose, me dit-elle d’un air ouvert, mais à travers lequel j’aperçus de l’embarras ; c’est que je sors d’avec M. de Valville.

Elle s’arrêta là, comme honteuse elle-même de la nouvelle qu’elle m’apprenait.

Ace début si étonnant pour moi, après tout ce qu’elle m’avait dit à cet égard, je soupirai d’abord. Ensuite ; je n’ai pas de peine à le croire, lui répondis-je toute consternée.

N’allez pas me condamner sans m’entendre, reprit-elle aussitôt. Je vous avais assuré que je ne le verrais plus, et c’était mon intention ; mais je n’ai pas deviné que c’était lui qui était là-bas (et là-dessus elle disait vrai, je l’ai su depuis).

On est venu m’avertir qu’on me demandait de la part de Mme de Miran, continua-t-elle, et vous sentez bien que je ne pouvais pas me dispenser de paraître ; il y aurait eu de l’impolitesse, et même de la malhonnêteté à refuser de descendre sans avoir d’excuse valable à alléguer, Ainsi il a fallu me montrer, quoique avec répugnance, car j’ai hésité d’abord ; il semblait que j’avais un pressentiment de ce qui allait