Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/272

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elle a déjà entendu parler de nous ; il y a une personne qui, ces jours passés, l’alla voir de notre part, et je suis persuadée qu’elle nous verra volontiers. Prévenez-la cependant si vous le jugez à propos, nous allons vous suivre ; mais vous entrerez la première, et vous lui direz que nous demeurons dans ce grand hôtel, presque attenant son auberge, que c’est notre hôtesse qui vint la voir, et que nous lui envoyâmes il y a quelques jours. Elle saura bien là-dessus qui nous sommes.

Nous descendîmes aussitôt de carrosse, et tout s’exécuta comme je viens de le dire. Il n’y avait qu’un petit escalier à monter, et c’était au premier, sur le derrière. La femme de chambre se hâta d’entrer ; elle avait en effet des raisons d’avertir l’inconnue qu’elle ne nous disait pas ; et nous nous arrêtâmes un instant assez près de la porte de la chambre, vis-à-vis de laquelle était le lit de la malade ; de façon que lorsqu’elle l’ouvrît, nous vîmes à notre aise cette malade qui était sur son séant ; qui nous vit à son tour, malgré l’obscurité du passage où nous étions arrêtées ; que nous reconnûmes enfin, et qui acheva de nous confirmer qu’elle était la personne que nous imaginions, par le mouvement de surprise qui lui échappa en nous voyant.

Ce qui fit encore que nous eûmes, elle et nous, tout le temps de nous examiner, c’est que cette porte, qui avait été un peu trop poussée, était restée ouverte.

Eh ! mon Dieu, ma fille, me dit tout bas Mme Darcire, n’est-ce pas là Mme Darneuil ? Et pendant qu’elle