Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/280

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faire venir du monde et pour avoir du secours s’il en fallait.

Et en effet, au bruit qu’elle fit, l’hôte et sa fille, tous deux effrayés, montèrent avec le laquais de cette dame, et lui demandèrent de quoi il était question. Je n’en sais rien, leur dit-elle, mais suivez-moi ; je viens d’entendre un grand cri qui est parti de la chambre de cette dame malade, chez qui j’ai laissé la jeune personne que j’y ai menée, et je suis bien aise, à tout hasard, que vous veniez avec moi. De façon qu’ils l’accompagnèrent et qu’ils entrèrent ensemble dans cette chambre où j’avais perdu la force de parler, où j’étais faible, pâle, et comme dans un état de stupidité ; enfin, où je pleurais de joie, de surprise et de douleur.

Ma mère était évanouie, ou du moins n’avait encore donné aucun signe de connaissance depuis que je la tenais dans mes bras ; et la femme de chambre, à qui je n’aidais point, n’oubliait rien de ce qui pouvait la faire revenir à elle.

Que se passe-t-il donc ici ? me dit Mme Darcire en entrant ; qu’avez-vous, mademoiselle ? Pour toute réponse, elle ne reçut d’abord que mes soupirs et mes larmes ; et puis, levant la main, je lui montrai ma