Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/291

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Il y avait chez elle une assez nombreuse compagnie, qui devait apparemment y dîner. Elle s’avança vers moi qui m’approchais d’elle, et me regarda d’un air qui semblait dire : Que me veut-elle ?

Quant à moi, à qui ni le rang qu’elle tenait à Paris et à la cour, ni ses titres, ni le faste de sa maison n’en imposaient, et qui ne voyais tout simplement en elle que ma belle-sœur ; qui m’étais d’ailleurs fait annoncer sous le nom de Tervire, dont j’avais lieu de croire qu’elle avait du moins entendu parler, puisque c’était celui de sa belle-mère, j’allai à elle d’une manière assez tranquille, mais polie, pour l’embrasser.

Je vis le moment où elle douta si elle me laisserait prendre cette liberté-là (je parle suivant la pensée qu’elle eut peut-être, et qui me parut signifier ce que je vous dis). Cependant, toute réflexion faite, elle n’osa pas se refuser à ma politesse, et le seul expédient qu’elle y sut pour y répondre sans conséquence fut de s’y prêter par un léger baissement de tête qui avait l’air forcé, et qu’elle accordait nonchalamment à mes avances.

Je sentis tout cela, et malgré mon peu d’usage,