Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/38

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Varthon m’avait appris qu’elle devait venir pour nous emmener toutes deux chez elle.

Je descendis donc, et malgré ce triste calme où je vous ai dit que j’étais, je descendis un peu émue ; mes yeux se mouillèrent en chemin.

Cette mère si tendre croit venir voir sa fille, me dis-je, et elle ne sait pas qu’elle ne vient voir que Marianne, et que ce sera toujours Marianne pour elle.

je résolus cependant de ne l’informer encore de rien ; j’avais mes desseins, et ce n’était pas là le moment que je voulais prendre.

Me voici donc à l’entrée du parloir. Là, j’essuyais mes pleurs, je tâchais de prendre un visage serein ; et après deux ou trois soupirs que je fis de suite, pour me mettre le cœur plus à l’aise, j’entrai.

Un rideau, tiré de mon côté sur la grille du parloir, me cachait encore la personne à qui j’allais parler ; mais prévenue que c’était Mme de Miran :

Ah ! ma chère mère, est-ce donc vous ? m’écriais-je en avançant vers cette grille, dont je pensai arracher le rideau, et qui, au lieu de Mme de Miran, me présenta Valville.

Ah ! mon Dieu ! m’écriais-je encore tout à coup, saisie en le voyant, et si saisie, que je restai longtemps la tête baissée, interdite, et sans pouvoir prononcer un mot.

Qu’avez-vous donc, belle Marianne ? me répondit-il. Oui, c’est moi ; est-ce qu’on ne vous l’a pas dit ? Que je suis charmé de vous voir ! Hélas ! vous me paraissez encore bien faible : ma mère est dans un parloir