Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/392

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Pour surcroît de bonne humeur, le soir du même jour on m’appela pour faire prendre ma mesure par le tailleur de la maison, et je ne saurais dire combien ce petit événement enhardit mon imagination, et la rendit sémillante.

C’était madame qui avait eu cette attention pour moi.

Deux jours après on m’apporta mon habit avec du linge et un chapeau, et tout le reste de mon équipage. Un laquais de la maison, qui avait pris de l’amitié pour moi, me frisa ; j’avais d’assez beaux cheveux. Mon séjour à Paris m’avait un peu éclairci le teint ; et, ma foi ! quand je fus équipé, Jacob avait fort bonne façon.

La joie de me voir en si bonne posture me rendit la physionomie plus vive et y jeta comme un rayon de bonheur à venir. Du moins tout le monde m’en prédisait, et je ne doutais point du succès de la prédiction.

On me complimenta fort sur mon bon air ; et, en attendant que madame fût visible, j’allai faire essai de mes nouvelles grâces sur le cœur de Geneviève qui, effectivement, me plaisait beaucoup.

Il me parut qu’elle fut surprise de la mine que j’avais sous mon attirail tout neuf ; je sentis moi-même que j’avais plus d’esprit qu’à l’ordinaire, mais à peine