Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/41

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sécheresse. Hélas ! je n’y pus tenir, madame, et j’eus bientôt baissé les yeux pour ne le plus voir.

En les baissant, je soupirai, il n’y eut pas moyen de m’en empêcher. Il le remarqua et s’en inquiéta encore.

Est-ce que vous avez de la peine à respirer, Marianne ? me dit-il. Non, lui répondis-je ; tout cela vient de langueur. Et puis nous fûmes l’un et l’autre un petit intervalle de temps sans rien dire ; ce qui arriva plus d’une fois.

Ces petites pauses avaient quelque chose de singulier, nous ne les avions jamais connues dans nos entretiens passés ; et plus elles déconcertaient mon infidèle, plus elles devenaient fréquentes..

À mon égard, tout ce que j’étais en état de prendre sur moi, c’était de me taire sur le sujet de ma douleur ; et le reste allait comme il pouvait.

Cette langueur que vous avez m’attriste moi-même, me dit-il : on nous avait assuré que vous étiez plus rétablie. (Voyez, je vous prie, quels discours glacés !) Vous dissipez-vous un peu dans votre couvent ? Vous y avez des amies ?

Oui, repris-je, j’y ai une religieuse qui m’aime beaucoup, et puis j’y vois Mlle Varthon, qui est très aimable. Elle le paraît, me dit-il, et vous devez en juger mieux que moi.

L’avez-vous fait avertir ? lui dis-je. Sait-elle que Mme de Miran va la venir prendre ? Oui je pense que ma, mère a dit qu’on lui parle, répondit-il.

Vous serez bien aise de la mieux connaître, lui dis-je.

Eh ! mais, je l’ai vue ici une ou deux fois de la