Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/411

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bien, Jacob. Le bien que t’apporte ta future est un présent du diable, et le diable est un trompeur. Un beau jour il te reprendra tout, afin de te damner par le désespoir, après t’avoir attrapé par sa marchandise.

On trouvera peut-être les représentations que me faisait l’honneur un peu longues, mais c’est qu’il a besoin de parler longtemps, lui, pour faire impression, et qu’il a plus de peine à persuader que les passions.

Car, par exemple, la cupidité ne répondait à tout cela qu’un mot ou deux ; mais son éloquence, quoique laconique, était vigoureuse.

C’est bien à toi, paltoquet, me disait-elle, à t’arrêter à ce chimérique honneur ! Ne te sied-il pas bien d’être délicat là-dessus, misérable rustre ? Va, tu as raison ; va te gîter à l’hôpital, ton honneur et toi, vous y aurez tous deux fort bonne grâce.

Pas si bonne grâce, répondais-je en moi-même ; c’est avoir de l’honneur en pure perte que de l’avoir à l’hôpital ; je crois qu’il n’y brille guère.

Mais l’honneur vous conduit-il toujours là ? Oui, assez souvent, et si ce n’est là, c’est du moins aux environs.