Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/42

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part de ma mère, et pour lui demander de vos nouvelles pendant que vous étiez malade, reprit-il ; ne le savez-vous pas ? Elle doit vous l’avoir dit.

Oui, répondis-je, elle m’en a parlé. Et puis nous nous tûmes ; lui, toujours par embarras, et moi, moitié par tristesse et par discrétion.

Ah ça ! tâchez donc de vous remettre tout à fait, mademoiselle, me dit-il ; et ensuite : Il me semble que j’entends ma mère dans la cour ; voyons si je me trompe, ajouta-t-il pour aller regarder aux fenêtres.

Et ce petit mouvement lui épargnait quelques discours qu’il aurait fallu qu’il me tînt pour entretenir la conversation, ou du moins ne l’obligeait plus qu’à me parler de loin sur ce qu’il verrait dans cette cour, et sur ce qu’il n’y verrait pas.

Oui, me dit-il, c’est elle-même avec Mme Dorsin. Les voilà qui montent, et je vais leur ouvrir la porte.

Ce qu’en effet il alla faire, sans que je lui disse un mot. J’étouffais mes soupirs pendant qu’il se sauvait ainsi de moi. Il descendit même quelques degrés de l’escalier pour donner la main à Mme Dorsin qui montait la première.

La voilà donc, cette chère enfant, me dit-elle, en entrant et en me tendant la main ; grâces au ciel, nous la conserverons. Nous ne devions venir que cette après-midi, mademoiselle ; mais j’ai dit à votre mère que je voulais absolument dîner avec vous pour vous voir plus longtemps. Madame (c’était à Mme de Miran à qui elle s’adressait), elle est mieux que je ne