Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/437

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À ces mots nous nous trouvâmes à sa porte : Montez, montez avec moi, me dit-elle ; je parlerai à ma sœur.

J’obéis, et nous entrâmes dans une maison où tout me parut bien étoffé, et dont l’arrangement et les meubles étaient dans le goût des habits de nos dévotes. Netteté, simplicité et propreté, c’est ce qu’on y voyait.

On eût dit que chaque chambre était un oratoire ; l’envie d’y faire oraison y prenait en y entrant ; tout y était modeste et luisant, tout y invitait l’âme à y goûter la douceur d’un saint recueillement.

L’autre sœur était dans son cabinet, qui, les deux mains sur les bras d’un fauteuil, s’y reposait de la fatigue d’un déjeuner qu’elle venait de faire, et en attendait la digestion en paix.

Les débris du déjeuner étaient là sur une petite table ; il avait été composé d’une demi-bouteille de vin de Bourgogne presque toute bue, de deux œufs frais, et d’un petit pain au lait.

Je crois que ce détail n’ennuiera point, il entre dans le portrait de la personne dont je parle.

Eh ! mon Dieu, ma sœur, vous avez été bien longtemps à revenir ; j’étais en peine de vous, dit celle