Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/450

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Mais, disait une, comment peut-on assister à la sainte parole de Dieu, et n’en pas revenir avec le dessein de se corriger ? Ma sœur, comprenez-vous quelque chose à cela ?

Madame une telle, qui pendant le carême est venue assidûment au sermon, comment l’entend-elle ? car je lui vois toujours le même air de coquetterie ; et à propos de coquetterie, mon Dieu ! que je fus scandalisée l’autre jour de la manière indécente dont Mlle était vêtue ! Peut-on venir à l’église en cet état-là ? Je vous dirai qu’elle me donna une distraction dont je demande pardon à Dieu, et qui m’empêcha de dire mes prières. En vérité, cela est effroyable !

Vous avez raison, ma sœur, répondait l’autre, mais quand je vois de pareilles choses, je baisse les yeux ; et la colère que j’en ai fait que je refuse de les voir, et que je loue Dieu de la grâce qu’il m’a faite de m’avoir du moins préservée de ces péchés-là, en le priant de tout mon cœur de vouloir bien éclairer de sa grâce les personnes qui les commettent.

Vous me direz : Comment avez-vous su ces entretiens, où le prochain essuyait la digestion de ces dames ?

C’était en ôtant la table, en rangeant dans la chambre où elles étaient.

Mlle Habert la cadette, après que j’eus desservi, m’appela comme je m’en allais dîner ; et me parlant assez bas, à cause d’un léger assoupissement qui commençait à clore les yeux de sa sœur, me dit