Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/489

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nous étions à la porte du logis, où nous arrivâmes à l’entrée de la nuit.

Catherine vint au-devant de nous, toujours fort intriguée des intentions de Mlle Habert sur son chapitre.

Je ne dirai rien des façons empressées qu’elle eut pour nous, ni du dégoût qu’elle disait avoir pour le service de la sœur aînée. Et ce dégoût-là était alors sincère, parce que la retraite de la sœur cadette allait la laisser seule avec l’autre : mais aussi, pendant que leur union avait duré, dame Catherine n’avait jamais fait sa cour qu’à l’aînée, dont l’esprit impérieux et tracassier lui en imposait davantage, et qui d’ailleurs avait toujours gouverné la maison.

Mais la société des deux sœurs finissant, cela changeait la thèse, et il était bien plus doux de passer au service de la cadette dont elle aurait été la maîtresse.

Catherine nous apprit que l’aînée était sortie, et qu’elle devait coucher chez une dévote de ses amies, de peur que Dieu ne fût offensé, si les deux sœurs se revoyaient dans la conjoncture présente : Et tant mieux qu’elle soit partie, dit Catherine, nous en souperons de meilleur cœur, n’est-ce pas, mademoiselle ? Assurément, reprit Mlle Habert ; ma sœur a fait prudemment, et elle est la maîtresse de ses actions comme je le suis des miennes.

À cela succédèrent plusieurs petites questions de la part de la caressante cuisinière : Mais vous avez été bien longtemps à revenir. Avez-vous retenu une maison ? Est-elle en beau quartier ? Y a-t-il loin d’ici ?