Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/492

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a loué une maison, je lui ai donné le bras dans les chemins, nous étions allés, nous sommes revenus ; voilà tout ce que je sais, bonsoir. Ah ! qu’elle m’eût de bon cœur dit des injures ! Mais elle espérait encore, et la brutale n’osait faire du bruit.

Il me tarde d’en venir à de plus grands événements : ainsi passons vite à notre nouvelle maison.

Le tapissier est venu le lendemain, nos meubles sont partis, nous avons dîné debout, remettant de manger mieux et plus à notre aise au souper dans notre nouveau gîte. Catherine, convaincue enfin qu’elle ne nous suivra pas, nous a traités à l’avenant de notre indifférence pour elle, et comme le méritait la banqueroute que nous lui faisions ; elle a disputé la propriété de je ne sais combien de nippes à Mlle Habert, et soutenu qu’elles étaient à sa sœur aînée ; elle lui a fait mille chicanes, elle m’a voulu battre, moi qui ressemble à ce défunt Baptiste qu’elle m’a dit qu’elle avait tant aimé. Mlle Habert a écrit un petit billet qu’elle a laissé sur la table pour sa sœur, et par lequel elle l’avertit que dans sept ou huit jours elle viendra pour s’arranger avec elle, et régler quelques petits intérêts qu’elles ont à vider ensemble. Un fiacre est venu nous prendre ; nous nous y sommes emballés sans façon, la cousine et moi ; et puis fouette cocher.

Nous voilà à l’autre maison ; et c’est d’ici qu’on va voir mes aventures devenir plus nobles et plus importantes ; c’est ici où ma fortune commence : serviteur au nom de Jacob, il ne sera plus question que