Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/493

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de monsieur de la Vallée ; nom que j’ai porté pendant quelque temps, et qui était effectivement celui de mon père ; mais à celui-là on en joignait un autre qui servait à le distinguer d’un de ses frères, et c’est sous cet autre nom qu’on me connaît dans le monde ; c’est celui-ci qu’il n’est pas nécessaire que je dise et que je ne pris qu’après la mort de Mlle Habert, non pas que je ne fusse content de l’autre, mais parce que les gens de mon pays s’obstinèrent à ne m’appeler que de ce nom-là. Passons à l’autre maison.

Notre hôtesse nous reçut comme ses amis les plus intimes. La chambre où devait coucher Mlle Habert était déjà rangée, et j’avais un petit lit de camp tout prêt, dans l’endroit qui m’était réservé, et dont j’ai déjà fait mention.

Il ne s’agissait plus que d’avoir de quoi souper, et le rôtisseur qui était à notre porte nous eût fourni ce qu’il fallait ; mais notre obligeante hôtesse, à qui j’avais dit que nous arriverions le soir même, y avait pourvu, et voulut absolument que nous soupassions chez elle.

Elle nous fit bonne chère, et notre appétit y fit honneur.

Mlle Habert commença d’abord par établir ma qualité de cousin, à quoi je ripostai sans façon par le nom de cousine ; et comme il me restait encore un petit accent et même quelques expressions de village, on remédia à cela par dire que j’arrivais de la campagne, et que je n’étais à Paris que depuis deux ou trois mois.