Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/501

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de part et d’autre, qu’il n’y avait que nous qui pussions saisir ces éclairs-là.

Quant à moi, je ne répondais à Agathe, ce me semble, que pour ne pas mortifier son amour-propre ; car il est dur de faire le cruel avec de beaux yeux qui cherchent les vôtres.

La mère m’avait pris sous le bras, et ne se lassait point de dire : Allez, vous êtes un plaisant garçon ; on ne s’ennuiera pas avec vous.

Je ne l’ai jamais vu si gaillard, repartait à cela la cousine, d’un ton qui me disait : Vous l’êtes trop.

Ma foi, mesdames, disais-je, mon humeur est de l’être toujours ; mais avec de bon vin, bonne chère et bonne compagnie, on l’est encore davantage qu’à son ordinaire. Est-il pas vrai, cousine ? ajoutai-je en lui serrant le bras que je tenais aussi.

Ce fut en tenant de pareils discours que nous arrivâmes à l’appartement de Mlle Habert.

Je crois que je dormirai bien, dit-elle quand nous y fûmes, en affectant une lassitude qu’elle n’avait pas, et qu’elle feignait pour engager notre hôtesse à prendre congé d’elle.

Mais notre hôtesse n’était pas expéditive dans ses politesses ; et par abondance d’amitié pour nous, il n’y eut point de petites commodités dans cet appartement qu’elle ne se piquât de nous faire remarquer.

Elle proposa ensuite de me mener à ma chambre ; mais je compris à l’air de la cousine que cet excès de civilité n’était pas de son goût, et je la refusai le plus honnêtement qu’il me fut possible.