Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/516

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fille qui est une jeune étourdie assez mal élevée, à ce qu’il m’a paru, et avec qui je te prie de battre froid.

Nous en étions là, quand nous entendîmes du bruit ; c’était notre hôtesse, escortée de sa cuisinière qui nous apportait du café.

Etes-vous levée, ma voisine ? s’écria-t-elle à la porte. Il y a longtemps, dit Mlle Habert, en allant lui ouvrir ; entrez, madame. Ah ! bonjour, lui dit l’autre. Comment vous portez-vous ? Avez-vous bien reposé ? Monsieur de la Vallée, je vous salue. Je passe tous nos compliments, et la conversation qui se fit en prenant du café.

Quand la cuisinière eut remporté les tasses : Madame, lui dit Mlle Habert, vous me paraissez la meilleure personne du monde, et j’ai une confidence à vous faire sur une chose où j’ai même besoin de votre secours. Eh ! mon Dieu, ma chère demoiselle, quel service puis-je vous rendre ? répondit l’hôtesse avec une effusion de zèle et de bonté qui était sincère. Parlez ; mais non, ajouta-t-elle tout de suite, attendez que j’aille fermer les portes ; dès que c’est un secret, il faut que personne ne nous entende.

Elle se leva en disant ceci, sortit, et puis, du haut de l’escalier, appela sa cuisinière. Javote ! lui cria-t-elle, si quelqu’un vient me demander, dites que je suis sortie ; empêchez aussi qu’on ne monte chez mademoiselle ; et surtout que ma fille n’y entre pas, parce que nous avons à parler en secret ensemble, entendez-vous ? Et après ces mesures si discrètement prises contre les