Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/52

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chose de bien important ; qu’est-ce que c’est que cette lettre ? Elle en sait bien la valeur, et je ne lui avais pas dit de ne la pas montrer.

Vous m’excuserez, monsieur ; vous ne vous en ressouvenez pas, et vous l’en priez dans la lettre même, répartis-je doucement ; mais achevons. Je ne vous ai fait cette petite explication qu’afin que Mlle Varthon, supposé qu’elle vous aime, comme assurément vous avez lieu de l’espérer, ne dise point que j’ai parlé en jalouse : ce qui ne me conviendrait pas avec une fille comme elle.

Mais qu’est-ce que cela signifie ? Qu’est-ce que c’est que des explications, des jalousies ? s’écria-t-il. Que voulez-vous dire ? En vérité, mademoiselle Marianne, y songez-vous ? Que je meure si je vous comprends. Non, je n’y entends rien.

Eh ! monsieur, lui dis-je, laissez-moi finir. Avec qui vous abaissez-vous à feindre ? Avez-vous oublié à qui vous parlez ? Ne suis-je pas cette Marianne, cette petite fille qui doit tout à votre famille, qui n’aurait su que devenir sans ses bontés, et mérité-je que vous vous embarrassiez dans des explications ? Non, monsieur, ne m’interrompez plus, le temps nous presse ; il faut convenir de quelque chose. Vous savez les dispositions de votre cœur, mais songez donc que Mme de Miran les ignore ; qu’elle vous croit toujours dans vos premiers sentiments ; que d’ailleurs elle m’honore d’une tendresse infinie ; qu’elle se figure que je serai sa fille ; qu’il lui tarde que je la sois, et qu’elle pourra fort bien se résoudre à ne pas attendre que vous ayez