Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/521

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Laissez-m’en le soin, dit-elle ; c’est après-demain dimanche, il faut faire publier un ban ; tantôt nous sortirons pour arranger le tout. Je connais un prêtre qui nous mènera bon train ; ne vous inquiétez pas, je lui parlerai ce matin. Je vais m’habiller ; sans adieu, voisine. À quarante-cinq ans, appréhender qu’on ne cause d’un mariage ? Eh ! vous n’y songez pas, voisine. Adieu, adieu, ma bonne amie, votre servante, monsieur de la Vallée. À propos, vous me parlâtes hier d’une cuisinière, vous en aurez une tantôt, Javote me l’a dit, elle est allée l’avertir ce matin de venir ; elle est de sa connaissance, elles sont toutes deux du même pays : ce sont des Champenoises, et moi aussi ; c’est déjà trois, et cela fera quatre avec vous ; car je vous crois de Champagne, n’est-ce pas ? ajouta-t-elle en riant. Non, c’est moi, lui dis-je, vous vous êtes méprise, madame. Eh bien ! oui, dit-elle, je savais bien qu’il y en avait un de vous deux du pays ; n’importe qui. Bonjour, jusqu’au revoir.

Quand elle fut partie : Voilà une sotte femme, me dit Mlle Habert, avec son âge, et sa mère, et son fils ; je suis bien fâchée de lui avoir déclaré nos affaires. Jacob, si je suis aussi vieille à tes yeux que je le suis aux siens, je ne te conseille pas de m’épouser.

Eh ! ne voyez-vous pas, lui dis-je, que c’est un peu par rancune ? Tenez, entre nous, ma parente, je crois qu’elle me prendrait si vous me laissiez là, en cas que je le voulusse, et je ne le voudrais pas ; il n’y a point de femme qui me fût quelque chose après vous. Mais attendez, je m’en vais vous montrer votre