Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/63

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en versa elle-même. Mme Dorsin n’en fut pas exempte, elle me parut extrêmement touchée. J’entendis Mlle Varthon qui soupira un peu ; on était sur ce ton-là, et elle s’y conforma ; ensuite on continua de se taire.

Mais Mme de Miran fondant en larmes et me serrant entre ses bras, m’attendrit et me remua tant que mes sanglots pensèrent me suffoquer, et qu’il fallut me jeter dans un fauteuil. Allons, ma fille, allons, console-toi, me dit-elle ; va, ma chère enfant, il te reste une mère ; est-ce que tu la comptes pour rien ?

Hélas ! c’est elle que je regrette, répondis-je je ne sais comment, et d’une parole entrecoupée. Eh ! pourquoi la regretter ? me dit-elle : elle est plus ta mère que jamais. Et moi, mille fois plus encore son amie que je ne l’étais, reprit Mme Dorsin la larme à l’œil, mais d’un ton ferme ; et, en vérité, ce n’est pas elle que je plains, madame, c’est M. de Valville ; il fait une perte infiniment plus grande.

Ah ! voilà qui est fini, je ne l’estimerai de ma vie, reprit Mme de Miran. Mais, Marianne, comment sais-tu qu’il aime ailleurs ? ajouta-t-elle ; par qui en es-tu informée, puisque ce n’est pas lui qui te l’a avoué ? La connaît-on, cette personne pour qui il rompt ses engagements ? Qui est-ce qui est digne de