Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/73

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certain âge, et qui dans un moment va se faire connaître lui-même.

Il avait fort entendu parler de moi à l’occasion de mon aventure chez le ministre, et ne voyait jamais ma mère qu’il ne lui demandât des nouvelles de Marianne, dont il faisait des éloges éternels, fondés sur tout ce qu’on lui avait rapporté d’elle.

Le bruit de ma disgrâce s’était déjà répandu ; on savait déjà l’infidélité de Valville. Peut-être lui-même depuis que sa mère ne l’avait vu, en avait-il dit quelque chose à ses a meilleurs amis, qui, de leur côté, l’avaient confié à d’autres ; et cet homme de qualité, qui l’avait apprise, n’était venu chez Mme de Miran que pour être sûrement informé de ce qui en était.

Madame, lui dit-il, ce qu’on a publié de M. de Valville est-il vrai ? On dit qu’il n’aime plus cette fille si estimable, qu’il l’a quittée, qu’il ne veut plus l’épouser. Quoi ! madame, cette Marianne si chérie, si digne de l’être, il ne l’aimerait plus ! Je n’ai pas voulu le croire ; ce n’est apparemment qu’une calomnie.

Hélas ! monsieur, c’est une vérité, répondit Mme de Miran avec douleur, et je ne saurais m’en consoler.

Ma foi ! reprit-il (car Mme de Miran me l’a conté elle-même), ma foi ! vous avez raison, il y aurait eu grand plaisir à être la belle-mère de cette enfant-là ; c’était une bonne acquisition pour le repos de votre vie. À quoi pense donc M. de Valville ? A-t-il peur