Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/74

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d’être trop heureux ? je laisse le reste de leur entretien là-dessus. Mme de Miran allait dîner chez Mme Dorsin ; cette dernière engagea l’officier à être de la partie, et tout de suite, à cause de l’extrême envie qu’il avait de me connaître, ajouta qu’il fallait que j’en fusse.

Mais comme il était de fort bonne heure, que ces dames ne voulaient pas partir sitôt, et que cependant il était bon que je fusse prévenue : je vais donc envoyer à son couvent pour l’avertir que nous la prendrons en passant, dit ma mère.

Il est inutile d’envoyer, reprit cet officier ; j’ai affaire de ce côté-là, et, si vous voulez, je ferai votre commission moi-même ; donnez-moi seulement un petit billet pour elle, il n’y a rien de plus simple ; on ne me renverra peut-être pas. Non certes, dit ma mère, qui sur-le-champ m’écrivit :

« Ma fille, je t’irai prendre à une heure ; nous dînons chez Mme Dorsin. »

Ce fut donc avec ce petit passeport que cet officier arriva à mon couvent. Il me demande ; on vient me le dire ; c’est de la part de Mme de Miran, et je descends.

Quelques pensionnaires, ce jour-là même, m’avaient dit par hasard qu’elles viendraient l’après-dînée me tenir compagnie dans ma chambre ; de façon que, malgré mes chagrins, je m’étais un peu moins négligée qu’à l’ordinaire.

Ce sont là de petites attentions chez nous, qui ne coûtent pas la moindre réflexion ; elles vont toutes