Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ah ! Ah ! Ah !… » Cela s’applique fort bien à Marivaux. On n’a jamais fait : « Ah ! Ah ! Ah ! » à son théâtre et il n’aurait pas aimé qu’on le fît. Son théâtre est le théâtre du sourire.

Marivaux n’a pas été seulement auteur dramatique, il a été romancier. Il a écrit Marianne ou les Aventures de la Comtesse X… ; le Paysan parvenu et quelques autres. Chose assez curieuse, les comédies de Marivaux sont essentiellement romanesques et ses romans sont très nettement réalistes. Marianne, où sont consignées les aventures d’une coquette, appartient à la lignée des romans bourgeois qui commence à Furetière ; et de même et encore plus précisément le Paysan parvenu. Ces romans ont un grand mérite, de quelque nom, du reste, qu’on les appelle. Ils ne contiennent point, ou très peu, de marivaudage. Ils sont écrits d’un style courant et assez simple. On peut leur reprocher d’être un peu lents et quelquefois même traînants ; mais ils sont pleins de peintures de mœurs qui sentent le vrai, et qui en tout cas sont intéressantes, et de portraits singulièrement en relief. Dans Marianne il y a un personnage de libertin, hypocrite, Monsieur de Climal, qui est resté classique et qu’on peut placer, sans complaisance et sans crainte, non loin de Tartuffe.

Marivaux, dont le talent était très souple, n’a pas