Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/130

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Colombine.

Oh ! rassurez-vous, madame ; je crois maintenant qu’il n’en est rien.

La Comtesse.

Il n’en est rien ! Je vous trouve plaisante de me venir dire qu’il n’en est rien, vous de qui je sais la chose en partie.

Colombine.

Cela est vrai, je l’avais cru ; mais je vois que je me suis trompée.

La Comtesse.

Vous êtes faite aujourd’hui pour m’impatienter.

Colombine.

Ce n’est pas mon intention.

La Comtesse.

Non, aujourd’hui vous ne m’avez répondu que des impertinences.

Colombine.

Mais, madame, tout le monde se peut tromper.

La Comtesse.

Je vous dis encore une fois que cet homme-là m’aime, et que je vous trouve ridicule de me disputer cela. Prenez-y garde, vous me répondrez de cet amour-là, au moins !

Colombine.

Moi, madame ? m’a-t-il donné son cœur en garde ? Eh ! que vous importe qu’il vous aime ?

La Comtesse.

Ce n’est pas son amour qui m’importe, je ne m’en soucie guère ; mais il m’importe de ne point prendre de fausses idées des gens, et de n’être pas la dupe éternelle de vos étourderies.