Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/136

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Arlequin.

Mais c’est la coutume d’interroger le monde pour plus grande sûreté ; je ne pense point à mal.

La Comtesse.

Où est-elle, cette boîte ?

Arlequin, la montrant.

La voilà, madame. Un autre que vous ne la verrait pas, mais vous êtes une femme de bien.

La Comtesse.

C’est la même. Tiens, prends cela en revanche.

Arlequin.

Vivent les revanches ! le ciel vous soit en aide !

La Comtesse.

Le portrait n’y est pas !

Arlequin.

Chut ! il n’est pas perdu ; c’est mon maître qui le garde.

La Comtesse.

Il me garde mon portrait ? Qu’en veut-il faire ?

Arlequin.

C’est pour vous mirer, quand il ne vous voit plus. Il dit que ce portrait ressemble à une cousine qui est morte, et qu’il aimait beaucoup. Il m’a défendu d’en rien dire et de vous faire accroire qu’il est perdu ; mais il faut bien vous donner de la marchandise pour votre argent. Motus ! le pauvre homme en tient.

Colombine.

Madame, la cousine dont il parle peut être morte ; mais la cousine qu’il ne dit pas se porte bien, et votre cousin n’est pas votre parent.

Arlequin, riant.

Eh ! eh ! eh !