Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/137

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La Comtesse.

De quoi ris-tu ?

Arlequin.

De ce drôle de cousin. Mon maître croit bonnement qu’il garde le portrait à cause de la cousine, et il ne sait pas que c’est à cause de vous ; cela est risible ; il fait des quiproquos d’apothicaire.

La Comtesse.

Eh ! que sais-tu si c’est à cause de moi ?

Arlequin.

Je vous dis que la cousine est un conte à dormir debout. Est-ce qu’on dit des injures à la copie d’une cousine qui est morte ?

Colombine.

Comment, des injures ?

Arlequin.

Oui ; je l’ai laissé là-bas qui se fâche contre le visage de madame ; il le querelle tant qu’il peut de ce qu’il aime. Il y a à mourir de rire de le voir faire. Quelquefois il met de bons gros soupirs au bout des mots qu’il dit. Oh ! de ces soupirs-là, la cousine défunte n’en tâte que d’une dent.

La Comtesse.

Colombine, il faut absolument qu’il me rende mon portrait ; cela est de conséquence pour moi ; je vais le lui demander. Je ne souffrirai pas mon portrait entre les mains d’un homme. Où se promène-t-il ?

Arlequin.

De ce côté-là ; vous le trouverez sans faute à droite ou à gauche.

(La comtesse sort.)