Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/209

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Le Seigneur.

Oui ; mais le prince s’est fâché contre moi.

Arlequin.

Il n’aime donc pas les médisants ?

Le Seigneur.

Vous le voyez bien.

Arlequin.

Oh ! oh ! voilà qui me plaît ; c’est un honnête homme ; s’il ne me retenait pas ma maîtresse, je serais fort content de lui. Et que vous a-t-il dit ? Que vous étiez un mal appris ?

Le Seigneur.

Oui.

Arlequin.

Cela est très raisonnable. De quoi vous plaignez-vous ?

Le Seigneur.

Ce n’est pas là tout : « Arlequin, m’a-t-il répondu, est un garçon d’honneur. Je veux qu’on l’honore, puisque je l’estime ; la franchise et la simplicité de son caractère sont des qualités que je voudrais que vous eussiez tous. Je nuis à son amour et je suis au désespoir que le mien m’y force. »

Arlequin, attendri.

Par la morbleu ! je suis son serviteur ; franchement, je fais cas de lui, et je croyais être plus en colère contre lui que je ne le suis.

Le Seigneur.

Ensuite il m’a dit de me retirer ; mes amis là-dessus ont tâché de le fléchir pour moi.

Arlequin.

Quand ces amis-là s’en iraient aussi avec vous,