Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/210

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il n’y aurait pas grand mal ; car, dis-moi qui tu hantes, et je te dirai qui tu es.

Le Seigneur.

Il s’est aussi fâché contre eux.

Arlequin.

Que le ciel bénisse cet homme de bien ; il a vidé là sa maison d’une mauvaise graine de gens.

Le Seigneur.

Et nous ne pouvons reparaître tous qu’à condition que vous demandiez notre grâce.

Arlequin.

Par ma foi ! messieurs, allez où il vous plaira ; je vous souhaite un bon voyage.

Le Seigneur.

Quoi ! vous refuserez de prier pour moi ? Si vous n’y consentiez pas, ma fortune serait ruinée ; à présent qu’il ne m’est plus permis de voir le prince, que serais-je à la cour ? Il faudra que je m’en aille dans mes terres, car je suis comme exilé.

Arlequin.

Comment, être exilé ! Mais ce n’eset point vous faire d’autre mal que de vous envoyer manger votre bien chez vous.

Le Seigneur.

Vraiment non ; voilà ce que c’est.

Arlequin.

Et vous vivrez là paix et aise ; vous ferez vos quatre repas comme à l’ordinaire.

Le Seigneur.

Sans doute ; qu’y a-t-il d’étrange à cela ?