Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous tâchez de lui donner ne réussit pas, vous épouserez donc Merlin ?

La Fée.

Non ; car, en l’épousant même je ne pourrais me déterminer à perdre de vue l’autre ; et si jamais il venait à m’aimer, toute mariée que je serais, je veux bien te l’avouer, je ne me fierais pas à moi.

Trivelin.

Oh ! je m’en serais bien douté sans que vous me l’eussiez dit. Femme tentée et femme vaincue, c’est tout un. Mais je vois notre bel imbécile qui vient avec son maître à danser.



Scène II

ARLEQUIN entre la tête dans l’estomac, ou de toute autre façon niaise ; SON MAÎTRE À DANSER, LA FÉE, TRIVELIN.
La Fée.

Eh bien ! aimable enfant, vous me paraissez triste ; y a-t-il quelque chose ici qui vous déplaise ?

Arlequin.

Moi, je n’en sais rien.

La Fée, à Trivelin qui rit.

Oh ! je vous prie, ne riez pas ; cela me fait injure. Je l’aime, cela vous suffit pour que vous deviez le respecter. (Pendant ce temps Arlequin prend des mouches. La Fée continue à parler à Arlequin.) Voulez-vous bien prendre votre leçon, mon cher enfant ?

Arlequin, comme n’ayant pas entendu.

Hein ?