Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/248

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bonne coutume comme celle-là ne s’accorde pas avec une mauvais ; jamais votre amitié ne sera assez forte pour endurer la mienne.

Le Prince.

Nous nous brouillerons ensemble si tu ne me réponds toujours ce que tu penses. Il ne me reste qu’une chose à te dire, Arlequin : souviens-toi que je t’aime ; c’est tout ce que je te recommande.

Arlequin.

Flaminia sera-t-elle sa maîtresse ?

Le Prince.

Ah ! ne me parle point de Flaminia ; tu n’étais pas capable de me donner tant de chagrins sans elle.

Arlequin.

Point du tout ; c’est la meilleure fille du monde ; vous ne devez point lui vouloir de mal.



Scène VI

ARLEQUIN, seul.

Apparemment que mon coquin de valet aura médit de ma bonne amie. Par la mardi ! il faut que j’aille voir où elle est. Mais moi, que ferai-je à cette heure ? Est-ce que je quitterai Silvia là ? Cela se pourra-t-il ? Y aura-t-il moyen ? Ma foi, non, non assurément. J’ai un peu fait le nigaud avec le prince, parce que je suis tendre à la peine d’autrui ; mais le prince est tendre aussi, et il ne dira mot.