Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/251

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Flaminia.

Je n’en doute point.

Arlequin.

Ensuite, puisque notre cœur s’est mécompté et que nous nous aimons par mégarde, nous prendrons patience et nous nous accommoderons à l’avenant.

Flaminia.

J’entends bien ; vous voulez dire que nous nous marierons ensemble ?

Arlequin.

Vraiment oui ; est-ce ma faute, à moi ? Pourquoi ne m’avertissiez-vous pas que vous m’attraperiez et que vous seriez ma maîtresse ?

Flaminia.

M’avez-vous avertie que vous deviendriez mon amant ?

Arlequin.

Morbleu ! le devinais-je ?

Flaminia.

Vous étiez assez aimable pour le deviner.

Arlequin.

Ne nous reprochons rien ; s’il ne tient qu’à être aimable, vous avez plus de tort que moi.

Flaminia.

Épousez-moi, j’y consens ; mais il n’y a point de temps à perdre, et je crains qu’on ne vienne m’ordonner de sortir.

Arlequin.

Ah ! je pars pour parler au prince. Ne dites pas à Silvia que je vous aime ; elle croirait que je suis dans mon tort, et vous savez que je suis innocent.