Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/280

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plaindriez aussi, cela rend la douleur plus supportable.

Le Chevalier.

En vérité, je crois que vous avez raison.

La Marquise.

Nous sommes voisins.

Le Chevalier.

Nous demeurons comme dans la même maison, puisque le même jardin nous est commun.

La Marquise.

Nous sommes affligés, nous pensons de même.

Le Chevalier.

L’amitié nous sera d’un grand secours.

La Marquise.

Nous n’avons que cette ressource-là dans les afflictions, vous en conviendrez. Aimez-vous la lecture ?

Le Chevalier.

Beaucoup.

La Marquise.

Cela vient encore fort bien ; j’ai pris depuis quinze jours un homme à qui j’ai donné le soin de ma bibliothèque. Je n’ai pas la vanité de devenir savante, mais je suis bien aise de m’occuper. Il me lit tous les jours quelque chose. Nos lectures sont sérieuses, raisonnables ; il y met un ordre qui m’instruit en m’amusant : voulez-vous être de la partie ?

Le Chevalier.

Voilà qui est fini, madame, vous me déterminez ; c’est un bonheur pour moi que de vous avoir vue ; je me sens déjà plus tranquille. Allons, je ne par-