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tirai point ; j’ai des livres aussi en assez grande quantité, celui qui a soin des vôtres les mettra tout ensemble, et je vais appeler mon valet pour changer les ordres que je lui ai donnés. Que je vous ai d’obligation ! peut-être que vous me sauvez la raison, mon désespoir se calme. Vous avez dans l’esprit une douceur qui m’était nécessaire, et qui me gagne : vous avez renoncé à l’amour et moi aussi ; et votre amitié me tiendra lieu de tout, si vous êtes sensible à la mienne.

La Marquise.

Sérieusement, je m’y crois presque obligée, pour vous dédommager de celle du marquis : allez, chevalier, faites vite vos affaires ; je vais, de mon côté, donner quelque ordre aussi ; nous nous reverrons tantôt. (À part.) En vérité, ce garçon-là a un fond de probité qui me charme.



Scène VIII

LE CHEVALIER, LUBIN.
Le Chevalier, seul, un moment.

Voilà vraiment de ces esprits propres à consoler une personne affligée ; que cette femme-là a de mérite ! je ne la connaissais pas encore : quelle solidité d’esprit ! quelle bonté de cœur ! C’est un caractère à peu près comme celui d’Angélique, et ce sont des trésors que ces caractères-là ; oui, je la préfère à tous les amis du monde. (Il appelle Lubin.) Lubin ! il me semble que je le vois dans le jardin.