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la liberté de vous entretenir en toute humilité, comme cela se doit.

La Marquise.

Eh ! de quoi s’agit-il ?

Lubin.

Oh ! presque de rien ; nous parlerons de cela tantôt, quand j’aurai fait votre commission.

La Marquise.

Je te rendrai service, si je le puis.



Scène IV

HORTENSIUS, LA MARQUISE.
La Marquise, nonchalamment.

Eh bien, monsieur, vous n’aimez donc pas les livres du chevalier ?

Hortensius.

Non, madame, le choix ne m’en paraît pas docte ; dans dix tomes, pas la moindre citation de nos auteurs grecs ou latins, lesquels, quand on compose, doivent fournir tout le suc d’un ouvrage ; en un mot, ce ne sont que des livres modernes, remplis de phrases spirituelles ; ce n’est que de l’esprit, toujours de l’esprit, petitesse qui choque le sens commun.

La Marquise, nonchalante.

Mais de l’esprit ! est-ce que les anciens n’en avaient pas ?

Hortensius.

Ah ! Madame, distinguo ; ils en avaient d’une manière… oh ! d’une manière que je trouve admirable.