Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/306

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La Marquise.

Finis, finis.

Lubin.

C’est que vous saurez, madame, que Lisette trouve ma personne assez agréable ; la sienne me revient assez, et ce serait un marché fait, si, par une bonté qui nous rendrait la vie, madame, qui est à marier, voulait bien prendre un peu d’amour pour mon maître qui a du mérite, et qui, dans cette occasion, se comporterait à l’avenant.

La Marquise, à Hortensius.

Ah ! ah ! écoutons ; voilà qui se rapporte assez à ce que vous m’avez dit.

Lubin.

On parle aussi de monsieur le comte, et les comtes sont d’honnêtes gens ; je les considère beaucoup ; mais si j’étais femme, je ne voudrais que des chevaliers pour mon mari : vive un cadet dans le ménage !

La Marquise.

Sa vivacité me divertit : tu as raison, Lubin ; mais malheureusement, dit-on, ton maître ne se soucie point de moi.

Lubin.

Cela est vrai, il ne vous aime pas, et je lui en ai fait la réprimande avec Lisette ; mais si vous commenciez, cela le mettrait en train.

La Marquise, à Hortensius.

Eh bien, monsieur, qu’en dites-vous ? Sentez-vous là-dedans le personnage que je joue ? la sottise du chevalier me donne-t-elle un ridicule assez complet ?

Hortensius.

Vous l’avez prévu avec sagacité.