Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/337

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Le Chevalier.

C’est qu’il était tout venu.

Le Comte, à part.

Il l’aime… (Haut.) Cependant aujourd’hui elle ne veut pas me voir, j’attribue cela à ce que j’avais été quelques jours sans paraître, avant que vous arrivassiez : la marquise est la femme de France la plus fière.

Le Chevalier.

Ah ! je la trouve passablement humiliée d’avoir cette fierté-là.

Le Comte.

Je vous ai prié tantôt de me raccommoder avec elle, et je vous en prie encore.

Le Chevalier.

Eh ! vous vous moquez ? cette femme-là vous adore.

Le Comte.

Je ne dis pas cela.

Le Chevalier.

Et moi, qui ne m’en soucie guère, je le dis pour vous.

Le Comte.

Ce qui m’en plaît, c’est que vous le dites sans jalousie.

Le Chevalier.

Oh ! parbleu, si cela vous plaît, vous êtes servi à souhait ; car je vous dirai que j’en suis charmé, que je vous en félicite, et que je vous embrasserais volontiers.

Le Comte.

Embrassez donc, mon cher.