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Scène VIII

LA MARQUISE, LE CHEVALIER.
La Marquise.

Le comte, dit-on, était avec vous, chevalier. Vous avez été bien longtemps ensemble ; de quoi était-il question ?

Le Chevalier, sérieusement.

De pures visions de sa part, marquise ; mais des visions qui m’ont chagriné, parce qu’elles vous intéressent, et dont la première a d’abord été de me demander si je vous aimais.

La Marquise.

Mais je crois que cela n’est pas douteux.

Le Chevalier.

Sans difficulté ; mais prenez garde, il parlait d’amour, et non pas d’amitié.

La Marquise.

Ah ! il parlait d’amour ? Il est bien curieux. À votre place, je n’aurais pas seulement voulu les distinguer ; qu’il devine.

Le Chevalier.

Non pas, marquise, il n’y avait pas moyen de jouer là-dessus, car il vous enveloppait dans ses soupçons, et vous faisait pour moi le cœur plus tendre que je ne mérite ; vous voyez bien que cela était sérieux ; il fallait une réponse décisive, aussi l’ai-je faite, et l’ai bien assuré qu’il se trompait et qu’absolument il ne s’agissait point d’amour entre nous deux, absolument.

La Marquise.

Mais croyez-vous l’avoir persuadé, et croyez-