Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pardons de vous avoir fait attendre ; mais ce n’est que de cet instant que j’apprends que vous êtes ici.

Arlequin.

Monsieur, mille pardons ! c’est beaucoup trop ; il n’en faut qu’un, quand on n’a fait qu’une faute. Au surplus tous mes pardons sont à votre service.

Monsieur Orgon.

Je tâcherai de n’en avoir pas besoin.

Arlequin.

Vous êtes le maître, et moi votre serviteur.

Monsieur Orgon.

Je suis, je vous assure, charmé de vous voir, et je vous attendais avec impatience.

Arlequin.

Je serais d’abord venu ici avec Bourguignon ; mais quand on arrive de voyage, vous savez qu’on est si mal bâti ! et j’étais bien aise de me présenter dans un état plus ragoûtant.

Monsieur Orgon.

Vous y avez fort bien réussi. Ma fille s’habille ; elle a été un peu indisposée ; en attendant qu’elle descende, voulez-vous vous rafraîchir ?

Arlequin.

Oh ! je n’ai jamais refusé de trinquer avec personne.

Monsieur Orgon.

Bourguignon, ayez soin de vous, mon garçon.

Arlequin.

Le gaillard est gourmet ; il boira du meilleur.

Monsieur Orgon.

Qu’il ne l’épargne pas.