Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/415

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Dorante.

Ma foi, je vous crois ; car Bourguignon, tout Bourguignon qu’il est, n’est pas même content que vous soyez le sien.

Mario.

Il prendra patience.

Dorante.

Il faudra bien ; mais, monsieur, vous l’aimez donc beaucoup ?

Mario.

Assez pour m’attacher sérieusement à elle dès que j’aurai pris de certaines mesures. Comprends-tu ce que cela signifie ?

Dorante.

Oui, je crois que je suis au fait ; et sur ce pied-là vous êtes aimé, sans doute ?

Mario.

Qu’en penses-tu ? Est-ce que je ne vaux pas la peine de l’être ?

Dorante.

Vous ne vous attendez pas à être loué par vos propres rivaux, peut-être ?

Mario.

La réponse est de bon sens, je te la pardonne ; mais je suis bien mortifié de ne pouvoir pas dire qu’on m’aime, et je ne le dis pas pour t’en rendre compte, comme tu le crois bien ; mais c’est qu’il faut dire la vérité.

Dorante.

Vous m’étonnez, monsieur ; Lisette ne sait donc pas vos desseins ?

Mario.

Lisette sait tout le bien que je lui veux et n’y