Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/426

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Arlequin, à part.

Préparons un peu cette affaire-là… (Haut.) Madame, votre amour est-il d’une constitution bien robuste ? Soutiendra-t-il bien la fatigue que je vais lui donner ? Un mauvais gîte lui fait-il peur ? Je vais le loger petitement.

Lisette.

Ah ! tirez-moi d’inquiétude. En un mot, qui êtes-vous ?

Arlequin.

Je suis… N’avez-vous jamais vu de fausse monnaie ? savez-vous ce que c’est qu’un louis d’or faux ? Eh bien, je ressemble assez à cela.

Lisette.

Achevez donc. Quel est votre nom ?

Arlequin.

Mon nom ? (À part.) Lui dirai-je que je m’appelle Arlequin ? Non ; cela rime trop avec coquin.

Lisette.

Eh bien !

Arlequin.

Ah dame ! il y a un peu à tirer ici ! Haïssez-vous la qualité de soldat ?

Lisette.

Qu’appelez-vous un soldat ?

Arlequin.

Oui, par exemple, un soldat d’antichambre.

Lisette.

Un soldat d’antichambre ! Ce n’est donc point Dorante à qui je parle enfin ?

Arlequin.

C’est lui qui est mon capitaine.