Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/43

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Silvia, effrayée de la voir, fait un cri.

Ah !

Arlequin.

Ouf !

La Fée, à Arlequin avec humeur.

Vous en savez déjà beaucoup.

Arlequin, embarrassé.

Eh ! eh ! je ne savais pourtant pas que vous étiez là.

La Fée, en le regardant.

Ingrat ! (Puis le touchant de sa baguette.) Suivez-moi.

(Après ce dernier mot, elle touche aussi Silvia sans lui rien dire.)

Silvia, touchée.

Miséricorde !

(La Fée part avec Arlequin, qui marche devant en silence.)



Scène XIII

SILVIA, LUTINS.
Silvia, seule, tremblante, et sans bouger.

Ah ! la méchante femme ! je tremble encore de peur. Hélas ! peut-être qu’elle va tuer mon amant, elle ne lui pardonnera jamais de m’aimer. Mais je sais bien comment je ferai ; je m’en vais assembler tous les bergers du hameau, et les mener chez elle : allons. (Silvia là-dessus veut marcher, mais elle ne peut avancer un pas.) Qu’est-ce que j’ai donc ? Je ne puis remuer. (Elle fait des efforts et ajoute :) Ah ! cette magicienne m’a jeté un sortilège aux jambes. (À ces mots, deux ou trois Lutins viennent pour l’enlever.) Aïe ! aïe ! messieurs, ayez pitié de moi ; au secours ! au secours !