Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/460

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lui parle, et je ne veux pas qu’il meure. Allez lui dire qu’il vienne ; on le fera entrer comme on pourra.

Éraste.

Vous ne voulez point que je meure, et vous vous mariez, Angélique !

Angélique.

Ah ! c’est vous, Éraste ?

Éraste.

À quoi vous déterminez-vous donc ?

Angélique.

Je ne sais ; je suis trop émue pour vous répondre. Levez-vous !

Éraste.

Mon désespoir vous touchera-t-il ?

Angélique.

Est-ce que vous n’avez pas entendu ce que j’ai dit ?

Éraste.

Il m’a paru que vous m’aimiez un peu.

Angélique.

Non, non, il vous a paru mieux que cela, car j’ai dit bien franchement que je vous aime ; mais il faut m’excuser, Éraste, car je ne savais pas que vous étiez là.

Éraste.

Est-ce que vous seriez fâchée de ce qui vous est échappé ?

Angélique.

Moi, fâchée ! au contraire, je suis bien aise que vous l’ayez appris sans qu’il y ait de ma faute ; je n’aurai plus la peine de vous le cacher.