Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/473

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Monsieur Damis.

Elle est à toi, si tu veux me confier ce que tu sais sur le chapitre d’Angélique. Je viens adroitement de lui faire avouer qu’elle a un amant ; et, observée comme elle est par sa mère, elle ne peut ni l’avoir vu ni avoir de ses nouvelles que par le moyen des domestiques. Tu t’en es peut-être mêlé toi-même, ou tu sais qui s’en mêle, et je voudrais écarter cet homme-là. Quel est-il ? Où se sont-ils vus ? Je te garderai le secret.

Frontin, prenant la bourse.

Je résisterais à ce que vous dites, mais ce que vous tenez m’entraîne ; je me rends.

Monsieur Damis.

Parle.

Frontin.

Vous me demandez un détail que j’ignore ; il n’y a que Lisette qui soit parfaitement instruite de cette intrigue-là.

Monsieur Damis.

La fourbe !

Frontin.

Prenez garde, vous ne sauriez la condamner sans me faire mon procès. Je viens de céder à un trait d’éloquence qu’on aura peut-être employé contre elle. Au reste, je ne connais le jeune homme en question que depuis une heure ; il est actuellement dans ma chambre. Lisette en a fait mon parent, et, dans quelques moments, elle doit l’introduire ici même où je suis chargé d’éteindre les bougies et où elle doit arriver avec Angélique pour y traiter ensemble des moyens de rompre votre mariage.

Monsieur Damis.

Il ne tiendra donc qu’à toi que je sois pleinement instruit de tout.