Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/483

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Il demeura comme une idole,
Et ne répondit pas un mot.
            Le grand sot !
Il faut l’envoyer à l’école.

Claudine un jour dit à Lucas :
« J’irai ce soir à la prairie ;
            Je vous prie
De ne point y suivre mes pas. »
Il le promit, et tint parole.
Ah ! qu’il entend peu ce que c’est !
            Le benêt !
Il faut l’envoyer à l’école.

L’autre jour à Nicole il prit
Une vapeur auprès de Blaise ;
            Sur sa chaise
La pauvre enfant s’évanouit.
Blaise, pour secourir Nicole,
Fut chercher du monde aussitôt,
            Le nigaud !
Il faut l’envoyer à l’école.

L’amant de la jeune Philis
Étant près de s’éloigner d’elle,
            Chez la belle
Il envoie un de ses amis.
« Vas-y, dit-il, et la console. »
Il se fie à son confident.
            L’imprudent !
Il faut l’envoyer à l’école.

Aminte, aux yeux de son barbon,
À son grand neveu cherche noise ;
            La matoise
Veut le chasser de la maison.
L’époux la flatte et la cajole,
Pour faire rester son parent :
            L’ignorant !
Il faut l’envoyer à l’école.