Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/514

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nantissez-moi dé la ressemblance, en attendant la personne ; accordez cé rafraîchissement à mon ardeur… Mais, chevalier, donner son portrait, c’est donner son cœur… Eh ! donc, madame, j’endurérai bien dé les avoir tous deux… Mais… Il n’y a point dé mais ; ma vie est à vous, lé portrait à moi ; qué chacun gardé sa part… Eh bien ! c’est donc vous qui le gardez ; ce n’est pas moi qui le donne, au moins… Tope ! sandis ! jé m’en fais responsable ; c’est moi qui lé prends ; vous né faites qué m’accorder dé lé prendre… Quel abus de ma bonté ! Ah ! c’est la comtesse qui fait un soupir… Ah ! félicité dé mon âme ! c’est le chevalier qui repart un second.

Dorante.

Ah !…

Frontin.

Et c’est monsieur qui fournit le troisième.

Dorante.

Oui. C’est que ces deux soupirs-là sont plaisants, et je les contrefais ; contrefaites aussi, marquise.

La Marquise.

Oh ! je n’y entends rien, moi ; mais je me les imagine. (Elle rit.) Ah ! ah ! ah !

Frontin.

Ce matin dans la galerie…

Dorante Faites-le finir ; je n’y tiendrais pas.

La Marquise.

En voilà assez, Frontin.

Frontin.

Les fragments qui me restent sont d’un goût choisi.