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Arlequin.

J’en ai un qui ne veut pas qu’elle le connaisse.

La Marquise.

C’est donc un grand mystère ?

Arlequin.

Oui ; c’est Lisette qui demande monsieur, et il n’est pas à propos que vous le sachiez, madame.

La Marquise.

Ta discrétion est admirable ! Voyez ce que c’est, Dorante ; mais que je vous dise un mot auparavant. Et toi, va chercher Lisette.



Scène IV

DORANTE, LA MARQUISE.
La Marquise.

C’est apparemment de la part de la comtesse ?

Dorante.

Sans doute ; et vous voyez combien elle est agitée.

La Marquise.

Et vous brûlez d’envie de vous rendre ?

Dorante.

Me siérait-il de faire le cruel ?

La Marquise.

Nous touchons au terme ; mais nous manquons notre coup, si vous allez si vite. Ne vous y trompez point, les mouvements qu’on se donne sont encore équivoques ; il n’est pas sûr que ce soit de l’amour. J’ai peur qu’on ne soit plus jalouse de moi que de votre cœur, et qu’on ne médite de triompher de vous et de moi, pour se moquer de nous deux.