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Scène X

LA MARQUISE, DORANTE, LA COMTESSE, LE CHEVALIER, FRONTIN, ARLEQUIN, LISETTE.
La Marquise.

Eh bien ! madame, je ne vois rien encore qui nous annonce un mariage avec le chevalier. Quand vous proposez-vous donc d’achever son bonheur ?

La Comtesse.

Quand il vous plaira, madame ; c’est vous à qui je le demande. Son bonheur est entre vos mains ; vous en êtes l’arbitre.

La Marquise.

Moi, comtesse ? Si je le suis, vous l’épouserez dès aujourd’hui, et vous nous permettrez de joindre notre mariage au vôtre.

La Comtesse.

Le vôtre ! avec qui donc, madame ? Arrive-t-il quelqu’un pour vous épouser ?

La Marquise, montrant Dorante.

Il n’arrive pas de bien loin, puisque le voilà.

Dorante.

Oui, comtesse, madame me fait l’honneur de me donner sa main, et comme nous sommes chez vous, nous venons vous prier de permettre qu’on nous y unisse.

La Comtesse.

Non, monsieur, non. L’honneur serait très grand, très flatteur ; mais j’ai lieu de penser que le ciel vous réserve un autre sort.