Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/22

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plus grande consolation qu’en épousant Lucile ; qu’il est ami intime de son père, que d’ailleurs elle est riche, et que je lui aurai une obligation éternelle du parti qu’il me procure, et qu’enfin, dans trois ou quatre jours, ils vont, son ami, sa famille et lui, m’attendre à leurs maisons de campagne qui sont voisines, et où je ne manquerai pas de me rendre, à mon retour de Paris.

Lisette.

Eh bien ?

Damis.

Moi, qui ne saurais rien refuser à un père si tendre, j’arrive, et me voici.

Lisette.

Pour épouser ?

Damis.

Ma foi, non, s’il est possible.

(Ici Lucile sort à moitié du cabinet.)
Lisette.

Quoi ! tout de bon ?

Damis.

Je parle très sérieusement ; et comme on dit que Lucile est d’un esprit raisonnable, et que je lui dois être fort indifférent, j’avais dessein de lui ouvrir mon cœur, afin de me tirer de cette aventure-ci.

Lisette, riant.

Eh ! quel motif avez-vous pour cela ? Est-ce que vous aimez ailleurs ?

Damis.

N’y a-t-il que ce motif-là qui soit bon ? Je crois en avoir d’aussi sensés ; c’est qu’en vérité je ne suis pas d’un âge à me lier d’un engagement aussi