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CHAPITRE III
LE LOUP-CERVIER

Un peu plus d’une semaine après le départ de M. de Mantet et de ses gens, le cinq février au soir, deux hommes enveloppés dans des peaux de bisons étaient assis au pied d’un rocher, qui les protégeait contre les atteintes d’un vent glacial qui faisait courber la tête aux pins de la forêt. Ils pouvaient être à trente milles au nord de Schenectady et à un mille de la rivière Hudson. Tous deux fumaient en silence et semblaient ne s’occuper guère de la tempête qui hurlait dans les bois.

L’absence du feu par une nuit pareille indique que ces deux individus ont intérêt à ne point laisser deviner leur présence en ces lieux. Tous deux sont sauvages et appartiennent à la tribu des Agniers qui fait partie de la confédération iroquoise.

Le premier, qui est âgé de vingt-cinq à trente ans, a l’une de ces figures sur lesquelles se peignent l’astuce, l’audace et les passions les plus farouches. Son regard sombre, ses traits contractés, les exclama-