Page:Marmette - Charles et Éva, 1945.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
charles et éva

— Que mon frère écoute, dit-il au Renard-Subtil.

— Mes oreilles sont aussi attentives que celles de la jeune fille quand la bouche d’un guerrier lui fait l’aveu de son amour.

— Le Renard-Subtil sait-il pourquoi je l’ai amené ici ?

L’autre répondit par un signe de tête négatif.

— Mon frère sait-il par quelle nation ont été allumés les feux qu’il voit non loin d’ici ?

Même réponse du Renard-Subtil.

— Dans un instant mon frère saura ces choses. Qu’il veuille seulement me dire s’il se souvient de Fleur-de-Mai.

— La jeune fille aux yeux d’azur dont la voix était aussi douce aux oreilles du Loup-Cervier que celle du rossignol au lever de l’aurore, et qui a été tuée par un visage pâle du Canada ?

— La même, reprit le Loup-Cervier, dont les mâchoires se contractèrent et dont les yeux lancèrent des éclairs d’une haine indéfinissable. Mon frère sait si je l’aimais, Fleur-de-Mai. Pour elle, j’aurais tout sacrifié ; j’aurais même abandonné la religion